17 heure, mardi 27 Aout 2019,,,
Nous sommes à 20 miles de Madère et depuis le début d’après-midi, toutes les sensations de l’année viennent s’inviter dans nos esprits pour clore joyeusement cette saison. Partis de Madère le 23 novembre 2018, nous allons bientôt nous amarrer à nouveau à Quinta de Lorde, notre sillage a dessiné une jolie boucle sur l’Atlantique nord ou plutôt, une cerise dont la tige remonterait jusqu’à Piriac. C’est incroyable tout ce que l’on a vécu ces 11 dernier mois, en voici un petit résumé :
Distance parcourue : 12 000 miles nautiques, soit près de 22 000 kilomètres, un demi-tour du monde par l’équateur.
La navigation la plus rapide : La remontée des îles du Salut à Tobago, aidé par le courant guyanais, 600 miles en 73 heures, soit 200 miles par jour pendant 3 jours.
La navigation la plus lente : Il y a 3 jours, au départ des Açores, 105 miles en 24 h. Avec La Grande Lulu, une bonne journée tourne autour de 150 miles, en dessous de 130, on se juge contre-performant, au-dessus de 170, on est content.

La plus belle : Il y en a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup. Celle qui nous laisse un souvenir exceptionnel, est l’arrivée sur le fleuve Maroni. Après 18 jours de transat, encerclé par ce désert bleu, où l’horizon est plat, où seuls, les bruits du vent et de l’eau coulant sous la coque nous avaient accompagnés, c’est une débauche de couleurs, de reliefs, d’odeurs, de cris d’animaux qui nous accueille. Nous avions jeté l’ancre pour la première nuit sous un fromager, cet atterrissage en douceur était juste parfait. A l’autre extrémité des Caraïbe l’arrivée au petit matin dans le dédale des Îles Vierges britanniques était aussi magique.

La plus confortable : La transat dans les alizés
La plus inconfortable : La remontée du canal de Floride avec le gulf stream qui nous poussait 4 nœuds aux fesses et 20 nœuds de vent dans le nez. La mer était toute hachée, l’avant du bateau se relevait puis tombait lourdement entre les vagues ; c’était bolino à tous les repas.
La plus impressionnante : l’arrivée à Madeire en octobre. Il y avait 35 nœuds de vent arrière, des creux de 8 à 10 mètres selon les grib car en vérité, il est très difficile d’évaluer la hauteur des vagues mais c’était haut ! Le pilote est resté stoïque, on était ben content d’arriver à Porto Santos après 36 h de « machine à laver », ras le bol des bolinos !
La santé de La Grande Lulu : très bonne, tout le mérite revient à Hervé et à ses exigences d’exception. Elle était bien préparée et en permanence sous surveillance, contrôle, anticipation des problèmes, amélioration. Voilà une petite phrase de quelques mots mais qui représente énormément d’heures de travail.

Avaries : Je me demande si le « s » n’est pas de trop. Il n’y a pas de secret, tout cela est dû au paragraphe précédent. Une voile s’est déchirée ou plutôt décousue entre les Bermudes et les Açores , c’est une peu surprenant, il y avait 28 nœuds de vent, c’est tout de même pas la mer à boire pour une trinquette toute neuve.
L’électronique a flanché un peu en arrivant aux Antilles, le GPS perdait le nord, du coup, le pilote se mettait en grève, pour nous démoraliser le sondeur voulait nous faire croire qu’on allait toucher le fond et chaque instrument prétendait que c’était la faute de l’autre. Il a fallu revoir toutes les connexions un peu attaquées par la corrosion et améliorer les circuits, encore une petite phrase de quelques mots mais cela a été une vraie prise de tête pour identifier un à un les problèmes.

La découverte la plus surprenante : La Guyane, tout y est fort ! La forêt, le fleuve, la population cosmopolite, la violence de son histoire, l’architecture … rien ne laisse indifférent. C’est un peu au dernier moment que nous avions décidé d’y aller, c’est sans regret.

Les plus beaux mouillages : Il y en a beaucoup, Cariacou, Paradise Bay aux Grenadines, St Louis à Marie Galante… mais ceux de Cuba où nous avons joué aux aventuriers restent les plus marquants.

L’endroit où nous aimerions retourner : Sans hésitation, Les Açores. « Heureux comme une vache aux Açores », un nouveau proverbe créé avec Florent de Julo lors d’une rando à Corvo. On a aussi inventé « pousse pas mémé dans les hortensias » ou « on n’a pas le cul sorti des hortensias »… moultes déclinaisons possible…

La plus belle prise : une daurade coryphène de 12 kilos par Hervé, celle de la photo n’en fait « que » 8. Pour autant, on est loin d’avoir perturber la régulation des espèces. Quatre daurades, une bonite, un barracuda plus un poisson dont j’ai oublié le nom péché avec Pierre aux îles du salut, soit sept en onze mois.
Les déceptions : ben oui, y’en a un peu. Le peu de mammifères marins croisés, quelques dauphins, quelques bouts de baleines aperçus, heureusement pas mal de tortues. Et puis, nous pensions nous gaver de plein de variétés de fruits et légumes mais dès que l’on quitte La Guyane, il faut attendre le retour à Madère pour revoir un marché vraiment coloré.
L’événement totalement inattendu : Au large de Cap Canaveral, à 2 heures du matin, un OVNI , pour nous, est entré dans l’atmosphère, cela faisait une grosse boule de gaz vert fluo passant à toute vitesse au dessus de La Grande Lulu et éclairant bizarrement les voiles. Pour un peu on allait pêcho de l’astronaute. Plus tard, nous avons appris que c’était le retour d’un nouveau type de lanceur de satellite, pas à usage unique. Nous qui étions déçus de ne pas avoir eu l’occasion de voir un départ de fusée…
La rencontre improbable : Invités par le skipper de Météore à venir boire l’apéro au mouillage des Bermudes, nous sommes accueillis par un de ses équipiers, Axel, neuro radiologue, que j’ai côtoyé pendant 30 ans à l’hôpital nord de Nantes. Le monde est petit.
Les plus belles rencontres : Voilà bien ce qui rend le voyage extraordinaire, la multitude de personne rencontrée, de tous horizons, de toutes « tendances », accomplissant leurs rêves, relevant des défis. Nous avons tous en commun d’avoir un jour largué les amarres, franchir le pas n’est pas juste de la chance mais une victoire sur tous les freins que nous nous mettons. Ces voyages, nous les avons rendus possibles et chaque jour nous nous émerveillons des moments privilégiés que nous vivons. On partage un café, un repas, un poisson pêché, une escapade, une navigation, on se croise et on se recroise au hasard des mouillages, on se donne des nouvelles des uns et des autres et on se re-quitte en se souhaitant bonne nav .







Comme à la fin d’un roman américain, j’ai envie de faire 3 pages de remerciement à tous ceux qui nous ont accompagnés, cela ferait un bel inventaire à la Prévert. Merci à Pierre et Jean Christophe à la préparation, Carmina, Point à la lune, Chasseur de primes, Glaz, Kornog, Julo, Gulia, Yara, Météore, Mira Polaris, Ohana, Montblanc, Phoebus, Pahi Koumata, See You, La Grande Aventure, Barbara …et puis Christine, Marijo et la bande de chez Lulu avec qui nous avons réveillonné en plein Amazonie et encore bien d’autres …et même aux vaches açoriennes.
Et Spécial Kiss pour vous qui nous suivez et nous lisez régulièrement.
Trop génial ce résumé….à bientot sur la turballe
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Grand merci d’avoir pris le temps de partager avec nous tous ces moments vécus sur la mer, sur la terre et sous le ciel.
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