Nous avons quitté le continent

Nos escales précédentes ont été des plus calmes. Il faut bien se l’avouer, nous avions surtout envie de ne rien faire, de rompre avec la folle course de l’année précédente et de la journée dantesque de veille de départ pour fermer la maison et finir le chargement et les derniers préparatifs du bateau.

Viviero avait pour elle le calme de son port, au fond de la ria et au cœur de la ville.

DSCF1610Nous y alternons repos, ambiance espagnole dans les rues et ballades improvisées dans la forêt d’eucalyptus.

 

 

 

 

Puis nous sommes repartis pour une escale à La Corogne, à une journée de mer.

DSCF1619Nous aimons cette ville accueillante. Là aussi le port est dans la ville et nous pouvons profiter à volonté des rues et des places du vieux quartier.

 

 

 

Nous la quittons jeudi 18 direction sud à 20 h, par 30 nœuds de vent, nous saluons le Cap Finistère. Nous avons « dégolfé ».DSCF1616 corrigée

Porto sera notre visite suivante. Nous nous arrêtons à Leixoes, port de commerce et de pêche à l’embouchure du fleuve Douro. L’ambiance est industrielle, l’esthétique brute et métallique, on aime !

Bus et métro mettent Porto à une petite demi-heure. C’est notre première découverte.

La ville s’étage des deux côtés du Douro, les maisons sont hautes et étroites percées de rangées de fenêtres, elle ressemble aux illustrations des livres pour  enfant. On marche, on monte, on descend, on remonte, on traverse le Douro sur le deuxième étage du pont, on retraverse le Douro sur le premier étage du pont puis on re-retraverse le Douro sur le deuxième étage pour descendre déguster différents  Porto le long du quai.

Combien de dénivelés ? Combien de kilomètres dans la journée ?

Hervé se remémore cette pub des années 80 : « Le Portugal, le pays où le noir est une couleur », aujourd’hui, cela n’a plus aucun sens.

Nous avons quitté le continent mardi matin pour rejoindre Porto Santo, une petite île proche de Madère. 5 jours de traversée où nous avons eu de longs moments sans vent et de longs moments secoués en vent arrière à 25 nœuds.

En quittant le continent, on y laisse aussi nos mauvaises habitudes de toujours vouloir faire vite, efficace, sans perte de temps…pour pénétrer dans l’égrenage nonchalant des jours et des heures. Hervé commence même à perdre ses réflexes de coureur de mers, quelle importance de changer de bord tranquillement et mettre 47 secondes de plus pour empanner que si nous le faisions en mode régate ? Quelle importance d’être un peu sous toilé si c’est plus confortable et plus facile de se tenir debout ?

Nous sommes arrivés hier à Porto Santo,  grande comme Groix, protégée du vent par des reliefs volcaniques au nord, ouverte au sud sur une longue plage, on y trouve d’accueillantes terrasses. Tout de suite, on s’y sent bien et nous avons envie d’y rester quelques temps pour s’y reposer. Nous ne sommes pas les premiers à y penser, Christophe Colomb l’a fait avant nous.

A suivre…

Porto Santo, le 29 octobre 2018

 

Petites explications à l’usage des 100% terriens

A la voile, pour arriver à destination, il faut suivre le cap. Mais si le vent arrive juste de face ou juste dans le dos, on ne peut pas aller en ligne droite, il faut faire des zig zag, c’est ce que l’on appelle tirer des bords. Quand le vent arrive de face, on dit qu’on vire de bord, ça se passe plutôt bien quelles que soient  les conditions, les voiles passent doucement de bâbord à tribord ou inversement.

Quand le vent arrive de l’arrière, on dit qu’on empanne et c’est souvent plus « sport » que le virement de bord, les voiles et la  bôme peuvent passer violemment d’un bord à l’autre.

Dégolfer : c’est le mot utilisé par les marins pour dire qu’ils sont enfin sortis du Golfe de Gascogne.

Nous sommes partis !

photo depart modifiee

Mardi matin  premières lueurs du jour. Quelques copains sont sur le ponton et sur la jetée du port de Piriac, Yannick nous accompagne sur l’eau jusqu’à l’île dumet

Pas trop de stress, un peu d’émotion et presque la surprise d’être là, sur l’eau, à concrétiser ce projet un peu fou d’aller vivre en bateau autour du monde.

Il nous fallait partir ce mardi. Pour ne pas tomber dans les préparatifs à n’en plus finir, pour ne pas être à espérer une météo idyllique, pour ignorer toutes les bonnes raisons de repousser le Jour.

Il fait beau et chaud, le bateau glisse bien, on regarde la côte s’éloigner en savourant notre chance.

Nous savions que le calme de la mer et la douceur du vent ne dureraient pas plus que la moitié du temps qu’il faut pour rejoindre la Corogne. Nous savions que la fenêtre météo était trop courte mais peu importe, nous nous cachions la misère à venir. Et elle est venue.

Pas trop  méchante, juste ce qu’il faut pour nous rappeler que nous n’avions pas navigué depuis un an et que l’euphorie du départ nous a fait oublier quelques règles de base.

Premiers vents soutenus, premiers hublots laissés entrouverts, premières vagues sur et sous le pont, premiers chafouinage d’estomac : Retour à l’humilité.

Les météorologues n’étant pas des menteurs il se confirmait que La Corogne devenait trop difficilement accessible par un flux de sud soutenu. Le port de Viviero juste à l’est de la Corogne est plus simple à atteindre.

Nous y sommes arrivés hier jeudi dans l’après-midi, plus heureux que fatigués (ce n’est pas peu dire), avec l’agréable sensation de commencer ici notre voyage.